Episode 67 - L'orange du marchand
Un matin comme un autre à l'Arche de Porquerolles. Vous arrivez au bar, fraîchement pomponnée, pour commencer la mise en place du petit-déjeuner.Votre journée commence en effet toujours par un saut à la boulangerie Sarroche, pour aller faire provision de pain chaud et de croissants frais.
Que vous assemblez artistiquement dans vos corbeilles tressées, pour arriver à ça:
Or, ce matin, arrivant au comptoir (votre si beau, superbe, magnifique comptoir), oui oui, celui-là:
vous trouvez la porte d'entrée de l'hôtel grande ouverte. Et, debout dans la salle, en train d'engloutir la dernière bouchée d'une banane bien mûre, un client. Accompagné de sa femme.
Votre San Antonio intérieur se prépare à exprimer rondement sa pensée: "Vous ne voulez pas un p'tit cognac, pour faire glisser vot' banane, mon mignon?" mais votre Baronne le muselle d'un froncement de sourcil et se contente de regarder le client droit dans les yeux. Lequel vous sourit avec un peu d'embarras:
"On s'est permis de se servir, hein...
- Je vois ça. Le petit-déjeuner sera servi à partir de huit heures, si vous voulez bien me laisser le temps d'aller chercher le nécessaire et de procéder à la mise en place.
- Ah mais c'est que nous on va plonger, vous comprenez, on a rendez-vous à huit heures."
La Baronne enfonce son talon aiguille dans le pied virtuel de San A, et vous répondez (mais sans sourire, pour une fois) que vous allez les servir au plus vite.Quant à la banane, foi de Mademoiselle la Directrice, elle sera facturée: pas tant pour la valeur intrinsèque du fruit que pour le sans-gêne. Non mais, on n'est pas chez Flunch...